lundi 24 juin 2013

Le Discours sur la ruine du Temple : lecture comparative des trois récits (Mt.24-Marc16-Luc21)

Choix du sujet et intérêt du passage
Après réflexion, j'ai choisi de traiter pour ce travail un épisode présent dans trois des évangiles synoptiques : le discours sur la ruine du Temple. Il se trouve dans Matthieu 24, Marc 13 et Luc 21. En effet, ce passage me paraît être d'une importance capitale dans l'eschatologie de la Bible, renvoyant, nettement ou en filigrane, à plusieurs autres grands discours bibliques sur la fin des temps (les prophéties de l'ancien Testament, l'Apocalypse…), dont il contribue d'ailleurs à élucider le sens grâce à plusieurs déclarations explicites de Jésus dans ce passage.
Note : Dans le cadre de ce travail, je donne le grec en transcription en lettres latines.


Tableau comparatif des trois versions du discours. En jaune : les balises temporelles.
Matthieu
Marc
Luc
1 - Prédiction de la destruction du Temple (Mt.versets 1-4, M.v.1-4, L.v.5-7)
2 - Mise en garde contre les faux prophètes1 (Mt.v.5, M.v.5-6, L.v.8)
3 - Troubles divers et persécutions : 1ère balise temporelle (Mt.6-9, M.7-9, L.9-12)

4 - Annonce de la prédication universelle avant la fin des temps : 2ème balise temporelle (v.10)

5 - Nouvelle mise en garde contre les faux prophètes (v.11)



6 - Promesse que la puissance du Saint-Esprit animera les Chrétiens questionnés (M.11, L.13-15)
7 - Suite des persécutions (Mt.10, 12-13, M.12, L.16-19)
8 - Annonce de la prédication universelle avant la fin des temps :2ème balise temporelle2 (v.14)



9 - Exhortation à la persévérance en vue du salut final (v.13)

10 - Consigne de fuir quand viendra “l'Abomination de Désolation” :
3ème balise temportelle (Mt.15-20, M.14-16)
10 - Consigne de fuir quand Jérusalem sera entourée d'armées : 3ème balise (v.20-21)


11 - Jours de vengeance pour l'accomplissement de toutes les prophéties (v.22)
12 - Suite des afflictions (Mt.21-22, M.17-20, L.23-24)
13 - Troisième mise en garde contre les faux prophètes,
qui s'accompagneront de prodiges. (Mt.23-25, M.21-23)

14 - L'événement sera évident comme l'éclair (v.27-28)


15 - Triptyque eschatologique3 (Mt.29-31, M.24-27, L.25-28) :
  • Chute des astres et autres signes cosmologiques
  • Avènement du Fils de l'Homme sur les nuées (Parousia4)
  • Rassemblement des élus (Matthieu et Marc) ou leur salut (Luc)
16 - Similitude du figuier (Mt.32-33, M.28-29, L.29-31)
17 - La limite d'une génération : 5ème balise temporelle (Mt.34, M.30, L.32)
18 - Renforcement du discours et annonce de la fin de l'Ancienne Alliance (Mt.35, M.31, L.33)
19 - Caractère inattendu des événements et exhortation à la vigilance (Mt.36-44, M.32-37, L.34-36)


Note : La numérotation des cellules dans le tableau ci-dessus servira dans la suite de cette étude à se reférer plus aisément à une partie du discours dans les trois évangiles à la fois.


Thèmes importants
- Quatre thèmes récurrents
Une série de quatre thèmes se retrouvent dans tous les livres du Nouveau Testament (sauf dans Philémon) : prédication, persécution, puissance et parousia. Tous figurent également au sein du discours qui nous intéresse (recensement non exhaustif des occurences de ces thèmes dans ces trois chapitres) :
Thèmes
Matthieu
Marc
Luc
Prédication
Verset 14
Verset 10
Verset 13
Persécution
Verset 9-10
Verset 9
Verset 12, 16-19
Puissance
Verset 11
Verset 13-15
Parousia
Versets 29-31
Versets 24-27
Versets 25-28


Les quatre thèmes concernent la fin des temps. Explicitons les notions successivement.
La prédication et la persécution sont en même temps des balises temporelles. La puissance se réfère à la fortification donnée par le Saint-Esprit aux Chrétiens persécutés. La parousia, fréquemment associée au jugement et à la destruction, désigne tout particulièrement le retour du Seigneur à la fin des temps. Elle semble aller de pair dans les Ecritures avec le marriage du Christ, le banquet, le rassemblement et le salut des élus, la résurrection, la renaissance, la consommation d'une alliance.
- Le jeu des alliances
Les alliances tiennent une place centrale dans le discours que nous étudions. Nombreuses sont les prophéties qui annoncent une fin mais une renaissance de l'alliance conclue entre Dieu et son peuple à partir d'Abraham (Genèse 13.14-18, Gen.15), voire entre Dieu et l'humanité entière à partir de Noé (Gen.9.8-17). Le livre d'Osée se penche particulièrement sur cet accomplissement et ce renouveau mêlés, à travers la parabole du mariage, du divorce et du re-marriage du prophète éponyme (comparer aussi au sujet de cette dualité Amos 5.2 et Amos 9.11). Il n'est donc pas anodin que Jésus évoque “des jours de châtiment, afin que toutes les choses qui sont écrites s'accomplissent” (Luc 21.22), et ce n'est pas à un auditoire ignorant qu'il s'adresse mais bien à une population apparemment baignée dans le symbolisme et les prévisions des prophètes de l'Ancien Testament, qui comprendra peut-être les allusions et les références, ainsi que, bien-entendu, les citations (Luc 21.24 par exemple qui reprend le début d'Esaïe 3.25) ! Ainsi, il est indispensable, pour comprendre les paroles du Christ dans ce discours, de garder à l'esprit l'importance des alliances, véritables univers dont le passage pouvait bien justifier un langage cosmique faisant penser à une fin du Temps.


Les balises temporelles
Afin de tenter de situer ces événements, nous pouvons définir comme terminus post quem l'accomplissement de la prédication universelle, et comme terminus ante quem le triptyque eschatologique et la fin de la génération désignée par le Christ.



Le langage prophétique
Il est important de cerner l'utilisation et le sens de la langue réservée par toute la Bible aux prophéties. On pourra ainsi consulter par exemple Esaïe 13 qui prédit la destruction de Babylone, survenue vers 689 avant Jésus-Christ lorsqu'elle fut envahie par Sénachérib, roi des Assyriens (puis plus tard de nouveau par les Mèdes en 539). Le parler riche en métaphores et en hyperboles permet de mettre en évidence les conséquences morales aussi bien que physiques de cette chute. On s'attardera tout particulièrement aux versets suivants :
(10) Car les étoiles du ciel et leurs astres ne feront pas briller leur lumière ; le soleil s'obscurcira dès son lever, et la lune ne fera point luire sa clarté.
                       (13) Aussi je ferai trembler les cieux, et la terre sera ébranlée de sa place, par la colère de l'Eternel         
                      des armées, au jour de l'ardeur de son courroux.
 

Cette destruction, historiquement attestée, ne fut pas l'occasion d'une disparition des astres ou de tremblements physiques de l'univers. La prophétie explicite simplement la gravité des événements par métaphore. On peut chercher à voir l'évocation de l'obscurcissement du soleil et de la lune comme une image de la chute des puissants et des gouverneurs de la Babylone de l'époque.


Etude linéaire parallèle des trois chapitres
Note : Les “sections” utilisées ici correspondent aux divisions effectuées dans le tableau ci-dessus.
  • Section 1 : Il faut noter le parallélisme de la question que posent les disciples et celle du prophète Daniel dans Daniel 12.6 et 8. De fait, il semble s'agir exactement du même sujet. La question des apôtres mérite aussi qu'on prête attention aux termes exacts : rendus dans l'Ostervald par “quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ?” (Mt.24.3), on découvre en grec l'important parousia, beaucoup associé à la venue du Christ pour juger et détruire et qui renvoie donc aux nombreuses prophéties qui traitent ce sujet, et sunteleias tou aionos, littéralement “l'accomplissement de l'âge”--duquel ? S'agirait-il de l'âge de l'ancienne alliance ? Et “accomplissement” entend une progression, un processus préparatif. L'ancienne alliance, en effet, n'avait-elle pas pour finalité de préparer et de faire entrer la nouvelle ? (Galates 3.24 par exemple : “La loi a été notre conducteur pour nous mener à Christ.”)
  • Sections 2-3 : Marc nous livre en cet endroit un détail bien utile pour la situation temporelle des événements prophétisés dans ce discours : “Ils vous traduiront devant les tribunaux et les synagogues”--en grec : paradosousi gar humas eis sunedria, kai eis sunagogas darèsesthe (v.9) On relève précisément deux institutions purement juives de l'époque : le sanhédrin et la synagogue. (Luc ne mentionne que les synagogues (v.12).) On peut donc penser que ces persécutions doivent avoir lieu au 1er siècle, ce qui se trouve de toutes façons corroboré par la limite d'une génération annoncée ensuite (section 17 : Mt.34, M.30, L.32). D'ailleurs, on sait grâce au livre des Actes des Apôtres combien les disciples furent en effet persécutés par les autorités religieuses de la Palestine romaines ; l'hypothèse serait donc historiquement plausible. Il est aussi intéressant de constater que les premières grandes persécutions, initiées par Néron, se situent précisément dans les bornes de la génération fixée comme balise : on estime généralement que le ministère du Christ eut lieu autour des années 30 après Jésus-Christ ; si on compte une génération comme étant une quarantaine d'années, il faut donc que les événements prédits soient arrivés avant l'année 71. Les synagogues, les persécutions et l''empereur Néron rentrent parfaitement dans cette zone temporelle.
  • Sections 4-8 : L'annonce de la prédication universelle avant la fin des temps (Matthieu et Marc) semble délicate à comprendre, au vu des balises temporelles définies par ailleurs. Considérons le grec de Matthieu (verset 14) (Marc n'utilise pas d'autres mots) : kai kèruchèsetai touto to euaggelion tès basileias en olè tè oikoumenè eis marturion pasin tois ethnesin, kai tote èxei to telos. On s'arrêtera tout de suite sur basileias, notion très importante dans le paradigme messianique de l'Ancienne Alliance, où ce royaume est celui si longuement prédit et attendu du Christ, de la Nouvelle Alliance, et dont Jésus dit à ses auditeurs incompréhensifs qu'il ne viendra pas de façon à pouvoir être observé (meta paratèrèseos : Luc 17.20-21), donc peut-être qu'il ne sera pas physique, en effet : “le règne (basileia) de Dieu est au milieu de vous”. Ensuite, on retiendra dans Mat.24.14 le terme oikoumenè qui désigne la terre habitée, occupée, gouvernée (Bailly). Ainsi, il est attesté chez Hérodien d'Alexandrie avec le sens d' “empire romain” (HDN 5,2,5 – Bailly). Il se distingue nettement de gè, la terre physique, le globe. Les ethnoi, évoqués aussi dans Marc 13.10, sont pour les auteurs du nouveau Testament les nations, les Gentils (non-Juifs), les païens. Enfin, il convient de remarquer le telos, traduit par “fin” en français, désigne en son sens premier l'accomplissement, spécifiquement la finalité, le but (Bailly). On pourrait donc avancer qu'il s'agit non pas tant dans ce verset d'attendre la prédication à chaque être humain du globe avant de voir la destruction de la terre, mais bien plutôt que l'évangile soit annoncé par tout l'empire romain avant que ne s'accomplissent enfin toutes les prophéties annonçant depuis si longtemps la fin de l'Ancienne Alliance et l'avènement du Nouveau en la forme du royaume du Christ.
    Nous suivons dans le livre des Actes des Apôtres le récit d'une partie de cette prédication (voir Actes 8.1 par exemple) ; puis, vers l'an 60 (d'après la tradition), Paul écrit que “l'Évangile [...] a été prêché à toute créature sous le ciel (Col.1.23). N'est-ce pas l'accomplissement certain de la prédication universelle, condition de la parousia et censée se produire avant l'an 71 (Mat.24.14 et Marc 13.10) ?
  • Section 9 : On peut se demander à la lecture de Marc 13.13 (“celui qui persévérera jusqu'à la fin, sera sauvé.”) sous quelle forme devait venir ce salut. Serait-ce l'enlèvement physique qu'on croit entrevoir dans Luc 21.28, sous l'influence peut-être des discours de 1 Thessaloniciens 4.16-17 et de l'Apocalypse ? S'agirait-il plutôt d'une aide spirituelle, d'une nouvelle naissance dans la Nouvelle Alliance, tout aussi vraie quoique non charnelle ? Luc 21.28 n'en interdit pas l'hypothèse (“salut” correspond ici à apolutrosis, dont le sens premier est “rançon”, d'où “délivrance”, “rédemption”, “salut” – Strong).
  • Section 10 : Ce passage prescrit la fuite lors de deux signes différents : Dans Matthieu et Marc, il s'agit de l'apparition de l' “Abomination de désolation”. Ce terme renvoie directement au prophète Daniel et ses prophéties de la fin de l'âge, en particulier ici au chapitre 9, verset 27. L'écrivain invite d'ailleurs expressément le lecteur à s'y référer. Encore une fois, le discours de Jésus s'inscrit ainsi explicitement dans la lignée de ces prophéties.
    Dans Luc, il s'agit de fuir quand Jérusalem sera entourée d'armées. On sait grâce que pendant la campagne de Judée en 69 après Jésus-Christ, Jérusalem assiégée par Vespasien fut soudainement libérée quand celui-ci se retira suite à la mort de l'empereur, dans l'attente du rétablissement de l'ordre et peut-être de son couronnement. Peu de mois après, son fils Titus entoura de nouveau la ville, qui n'obtint plus aucun répit jusqu'à sa destruction totale. Josèphe nous dit que les Chrétiens s'étaient enfuis entre les deux sièges, si bien que presque aucun ne périt dans cette guerre.5
  • Section 11 : Luc 21.22 met explicitement en présence de ce discours l'ensemble des prophéties en déclarant qu'elles seraient toutes accomplies par ces événements, donc sous une génération. Il est intéressant de mettre en rapport ces paroles avec Mat.5.18 : “Jusqu'à ce que le ciel et la terre aient passé, il ne passera pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre que tout ne soit accompli.” Comme vu précédemment, le langage prophétique admet une langue cosmologique pour signifier les pouvoirs humains et les autorités. Dans ce contexte, il nous semble raisonnable de comprendre “le ciel et la terre” comme le monde de l'Ancienne Alliance, avec les institutions, le Temple et tout ce qui leur importait le plus profondément. Si c'est la cas, Mat.5.18 exprimerait que rien ne passera avant que tout ne passe, en accomplissement des prophètes. Le discours sur la ruine du Temple, nous l'avons vu, s'inscrit clairement dans ces prophéties. Pour revenir à Luc 21.22 : si tout sera accompli en ces jours, c'est donc d'après Mat.5.18 que “le ciel et la terre” passeront aussi à ce moment. La limite d'une génération qui nous est imposée amène à adopter l'interprétation prophétique de ces entités. Il faudra donc que passe l'Ancienne Alliance, avec le Temple, dans les jours désignés par ce verset 22.
  • Section 12 : Jésus conseille à ses disciples de prier que leur fuite ne soit pas en hiver (Marc 13. 18) ; on remarquera justement que les Chrétiens s'enfuirent de Jérusalem et de la Judée, comme on l'a vu dans le commentaire de la section 10, en plein été (voir le récit de Flavius Josèphe, Guerre des Juifs). Le début de Luc 21.24 est une citation d'Ésaïe 3.25, une prophétie de la destruction de Jérusalem à la fin de l'âge (aion). Cette reprise vient renforcer l'accomplissement des prophéties que seront ces événements.
  • Section 13 : Christ prévient ses disciples qu'il ne faudra pas se fier à ceux qui proclameront sa présence, alors même que ce sera l'époque de son avènement (Mat.24.23, Marc 13.21). Sera-ce donc qu'Il ne sera pas physiquement visible ? Luc 17.20-21 (étudié pour les sections 4-8) irait en tous les cas dans ce sens.
  • Section 14 : Matthieu 24.27-28 semble à prime abord contredire cette conclusion d'un avènement non physique. Et cependant, la métaphore de l'éclair n'est pas évidente : Un éclair se discerne mais ne se palpe pas. Peut-être cette phrase signifie-t-elle simplement que le jugement de Dieu sera clair (les jugements divins prédits dans les prophètes étaient souvent présentés comme une descente charnelle : Ésaïe 19.1 par exemple).
    On notera au passage le terme parousia (traduit par avènement) qui comporte une nette connotation de jugement. Le langage cosmologique et de l'arrivée du Christ sur les nuages correspond donc précisément à la terminologie utilisée habituellement chez les prophètes pour décrire la destruction divine de diverses nations (Ésaïe 13, Esaïe 19, Ésaïe 24.19-23, Ésaïe 34, Ésaïe 40.10, Ésaïe 44.16-17, etc.). On ne peut s'empêcher de se demander si les “aigles” du verset 28 ne seraient pas une allusion aux Romains, destructeurs de Jérusalem en 70 et donc moyen d'accomplissement de la prophétie.
  • Section 15 : En ce qui concerne la chute des astres, on se rapportera à la partie sur le langage prophétique et à Ésaïe 13.9-10. Il serait possible, au vu des habitudes de la langue des prophètes, d'envisager ici non une prévision de l'obscurcissement du soleil physique, mais bien la chute des grands et des puissants, de toute l'organisation et des fondements de la société de l'Ancienne Alliance, peut-être en partie par la corruption. Concernant la venue sur les nuées, voir ci-dessus le commentaire de la section 14. Elle renvoie d'ailleurs à Daniel 7.13.
    Alors toutes les tribus de la terre se lamenteront” (Matthieu 24.30) constitue une citation de Zacharie 12.10, qui replace encore une fois ce discours dans son contexte prophétique.
    Les “signes” et la “perplexité” évoqués au verset 25 de Luc correspondent peut-être aux divers événements pleins d'étrangeté que nous rapporte Flavius Josèphe comme ayant eu lieu à la période de la destruction de Jérusalem.6
    Concernant Luc 21.28, voir ci-dessus le commentaire de la section 9.
  • Section 16 : Dans la Bible, le peuple de Dieu se trouve souvent représenté par un arbuste (fréquemment la vigne ou le figuier - Osée 10.1, Ésaïe 4.2, Ésaïe 5.7, Exode 15.17, Jean 15.1 et les versets suivants). Il n'est donc pas anodin que Jésus se serve d'une plante pour sa parabole.
    Tandis que Matthieu et Marc ne précisent pas ce qui sera proche (Mat.24.33, Marc 13.29), Luc précise : “le royaume (basileia) de Dieu” (Luc 21.31). L'avènement de ce dernier est donc bien liée à la destruction du Temple, au passage de l'Ancienne Alliance et au retour du Christ.
  • Sections 17-18 : Ce passage est presque identique dans les trois évangiles. Sa clarté ne demande pas de commentaire. Concernant le “ciel et la terre” de la section 18, voir le traitement de cette expression ci-dessus à la section 11.
  • Section 19 : L'affirmation du caractère inattendu de la venue du Seigneur se retrouve aussi dans l'Ancien Testament lors qu'il est question de ce même jugement : voir ainsi Zacharie 14.7. Mais les propos de Paul à propos de “ce[s] jour[s]-là” (1 Thessaloniciens 5.4) invitent à penser que les croyants ne seraient pas surpris par l'événement, peut-être justement parce que, suivant les consignes du Seigneur ici, ils se tiennent éveillés dans l'expectation, contrairement aux “voleurs”.
    Les enlèvements dont il est question au verset 39 de Matthieu 24 ne concernent apparemment que les impies. C'est en tous cas ce que donne à penser la comparaison avec les incrédules du temps de Noé. Cependant, les versets 40 et 41 font penser à II Rois 2.11 et à Jérémie 3.14, où il s'agit au contraire de fidèles. Peut-être s'agit-il simplement ici d'évoquer les pratiques de peuples conquérants : déportation des riches et des grands, quitte à laisser les moindres sur place : voir II Rois 24 mais surtout II Rois 25.11-12.


Bibliographie
Traduction utilisée (sauf mention contraire) pour les citations bibliques : Ostervald révisée, 1996.
Autres traductions consultées :
  • Le texte grec, éditée par la Trinitarian Bible Society.
  • Authorised version (KJV) 1611.
  • Emile Osty, éditions du Seuil, 1973.
  • Greek-English New Testament (interlinear), éditions Christianity Today, 1975.
ALEXANDRE, PLANCHE, DEFAUCONPRET, Dictionnaire Français Grec, éditions Hachette, 1888.
BAILLY, A., Dictionnaire Grec Français, éditions Hachette, 2000.
FITZGERALD, S., Promises Kept : Becca's Window, éditions Authorhouse, Bloominton, 2006, ISBN 978-1-4259-7985-0.
JOSÈPHE, Flavius, Guerre des Juifs, in Complete Works, éditions Kregel publications, Michigan, 1999, ISBN 978-0-8254-2924-2. Lu dans son intégralité !
PRESTON, D.K., Like Father, Like Son, On Clouds of Glory, éditions JaDon Management, Inc., Ardmore, OK, 2006, ISBN 978-0-938855-27-9.
PRESTON, D.K. The End of Torah : At the Cross or AD 70 ? A Debate on When the Mosaic Law Passed Away, éditions JaDon Management, Inc., Ardmore, OK, 2011, ISBN 978-097993378-3 (non uidi). www.eschatology.orgwww.bibleprophecy.com
STRONG, J., Exhaustive Concordance of the Bible, éditions Thomas Nelson, Nashville, 1996, ISBN 978-0-7852-1195-0.
STUART RUSSEL, J., The Parousia, The New Testament Doctrine of Our Lord's Second Coming, éditions Baker Book House Co, 1983, ISBN 978-0-8010-7725-7 (non uidi).
YOUNGBLOOD, BRUCE, HARRISON, Bible Dictionary, éditions Thomas Nelson, Nashville, 1995, ISBN 978-0-7852-1217-1.

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Notes : 
1 Qui voudront se faire passer pour Jésus : la destruction du temple est donc d'emblée associée au retour du Christ, puisqu'il faut nécessairement qu'il soit absent pour qu'on tente cette tromperie.
2Luc ne cite pas cette annonce.
3 Qui s'amorce chez Matthieu et Marc comme une 4ème balise temporelle (“et aussitôt après l'affliction de ces jours-là” Mat. 24.29), non signalée chez Luc.
4Terme grec désignant spécifiquement l'avènement du Christ à la fin de l'âge dans le Nouveau Testament (voir par exemple 1 Thessaloniciens 4.15-17, Jacques 5.8, 2 Pierre 3.4, 1 Jean 2.28).
5Flavius Josèphe, Guerre des Juifs.
6Ainsi, une vache apportée pour le sacrifice aurait accouché d'un agneau sur le parvis du Temple. On remarqua dans les étoiles des phénomènes très étranges. Les grandes portes du Temple qu'on ne parvenait à ouvrir qu'à la force de nombreux hommes s'ouvrirent d'elles-mêmes. Voir pour plus de détails La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe.

jeudi 25 avril 2013

275 - Satan et la victoire du Christ : L'établissement du royaume

1 Jean 3.8-9 Le Fils de Dieu a paru pour détruire les oeuvres du diable.
Hébreux 2.14ss [Le Christ] a aussi de même participé [à la chair et au sang], afin que par la mort il détruisît celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire, le diable ; 15 Et qu'il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude.
Le but de la venue du Christ était donc de détruire le diable.

Colossiens 2.14-15 indique aussi que Jésus à triomphé du mal par la croix.
Matthieu 12.28 Si je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, le règne de Dieu est donc venu vers vous.
Ce dernier passage met en évidence le lien indissociable qui existe entre la destruction de Satan et la venue du royaume, de même que le suivant :
Jean 12.31-32 Maintenant se fait le jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi.
Etant donné le lien étroit unissant ces deux projets, on peut conclure que le Christ est venu également pour établir le royaume, puisqu'il avait pour but de détruire le Malin.

La question est donc : Jésus aurait-il échoué ? Est-il possible qu'il ait pu échouer ?

Les Dispensationnalistes disent à ce sujet que le Christ a failli à cause de l'incrédulité des Juifs.

Mais nous verrons dans la section suivante que les prophécies de l'Ancien Testament elles-mêmes nous assurent fortement par avance de la complète réussite du Seigneur. Il était impossible qu'il ne réussisse pas ! L'homme ne pouvait pas contrer les plans de Dieu.

Personnellement, cette assurance me donne beaucoup de réconfort.

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Liens vers la présentation d'origine, en anglais :